L'Art du Jeu

Où l'on parle d'art en général, mais surtout de jeux vidéo

Jeux et art


Game_StoryNous y voilà enfin. L’art et les jeux.

Alors, que peut-on trouver d’artistique dans les jeux ? Tout d’abord, j’aimerais donner une opinion personnelle : les jeux sont pour moi la plus complète forme d’expression artistique à ce jour (probablement parce que c’est également la plus récente). On y trouve à peu près toutes les formes d’art décrites dans « les différentes formes d’arts ». Il y a des techniques tirées du cinéma, de la musique, des arts graphiques, du son, de l’écriture, de la sculpture et de l’architecture. Évidemment, on pourrait accuser cette trop grande largesse d’être sa principale faiblesse. Mais de purs chef-d’œuvres du jeu vidéo tels que Shadow of the Colossus, Journey ou Ico brillent dans la plupart de ces aspects pour nous offrir de nouvelles et néanmoins puissantes émotions.

Mais si le jeu n’apportait pas ses modes d’expression propres, nous ne pourrions les qualifier de forme d’art à part entière. Bonne nouvelle, il y a pas mal de choses à dire à ce sujet ;-).

La vraie force des jeux vidéo, c’est l’interactivité. Le joueur n’est plus seulement consommateur mais également acteur. Il joue (dans tous les sens du terme) l’œuvre d’art. Cela a de nombreuses conséquences sur l’expérience vécue par le joueur :

  1. Fun : cet anglissisme désigne le plaisir, l’amusement, presque enfantin. Le gameplay est constitué de toutes les différentes manières d’interagir avec le jeu (cf. Wikipedia). C’est ce qui crée le fun chez le joueur. Pour les anglophones, je recommande fortement de lire le livre de Raph Koster « Theory of fun » à ce sujet, qui explore la manière qu’ont les jeux de créer du fun dans l’esprit des joueurs.
  2. Un sens des responsabilités : de nombreux jeux jouent avec le fait que les joueurs ont des choix à faire, qui ont des conséquences sur la suite du jeu. Des jeux comme The Witcher, Heavy Rain, Mass Effect, Fallout, Deus Ex ou Grand Theft Auto. Le joueur peut se sentir mal pour avoir fait de mauvais choix, ou, au contraire, se sentir fier et heureux de ce que ses choix ont permis de réaliser.
  3. Création : contrairement aux autres formes d’art, la consommation d’une œuvre vidéoludique demande au joueur de prendre part au processus créatif. Cela peut aller d’une liberté d’action très limité (comme dans Dragon’s Lair, Heavy Rain), qui fait du joueur principalement un spectateur, à une très grande liberté créative (comme, par exemple, dans Minecraft). Je parlerai de ces différents types d’interaction dans un futur article. Certains jeux peuvent ainsi être considérés plus comme des jouets que des jeux. En allant au plus extrême, on pourrait dire qu’une liberté total de création donnée au joueur ferait du jeu un jouet, et, au contraire, une oeuvre sans aucun pouvoir créatif donné au joueur en ferait plutôt un film, ou quelque chose s’en rapprochant. Heureusement, la plupart des jeux se placent entre les deux, donnant au joueur le sentiment de créer leur propre expérience, tout en gardant un certain contrôle de la part du créateur du jeu, et c’est précisément cette alchimie compliquée qui fait des jeux de vraies œuvres d’art.

Certains diront qu’un jeu dépourvu (ou presque) de fun n’est pas un jeu, et je pense en effet que c’est la caractéristique principale d’un jeu (sinon, on le classerait simplement de média interactif). Et d’autres diront que le fun n’est pas une émotion suffisamment noble pour qualifier les jeux d’art. Personnellement, je pense que cela ne mérite même pas d’être débattu.

Par la suite, j’aborderai enfin le cas de jeux spécifiques en regard de tout ce que j’ai essayé de définir dans les premiers articles de mon blog. Au revoir, et à bientôt !

3 commentaires sur “Jeux et art

  1. ludicophelie
    24 septembre 2012

    L’idée d’ouvrir le débat est excellente et ce genre de conversation revient régulièrement sur le tapis. Même si l’interactivité du jeu lui confère une nature particulière comme « objet d’art », ce sont les développeurs, les designers, les programmeurs AI qui sont les véritables artistes. Il faut absolument encourager la créativité plutôt que la rentabilité dans le jeu vidéo. Tu as l’air au courant, connaîtrais-tu des plateformes ou des studios qui soutiennent ce genre d’initiative?

  2. Frédéric Fourcade
    25 septembre 2012

    Malheureusement, je n ‘en a pas connu directement. Les 2 entreprises de jeux pour qui j’ai travaillé ne laissaient que peu d’espace pour la création pure, et se contentent souvent d’incorporer des mécaniques ayant fait leurs preuves dans d’autres jeux. De plus, n’ayant travaillé que dans le milieu du social-game sur facebook, on ne peut pas dire que ce soit l’endroit où s’exprime le plus le côté artistique du game-design. Néanmoins, je suis persuadé qu’il y a de la place pour cela, et je compte dans un futur plus ou moins proche m’y pencher personnellement.

    • ludicophelie
      25 septembre 2012

      En dehors des employeurs, des initiatives bénévoles existent bel et bien. Pour ma part, je me consacre à relayer le travail des communautés de modders sur les Elder Scrolls, les Fallout ou ce bon vieux Arcanum. Grâce à ces créations originales, certains modders (comme ceux qui ont travaillé sur Sword of Perithia) ont été engagés par l’éditeur Bethesda a posteriori. D’où l’importance de se faire la vitrine de ces objets d’art. Après tout, cela pourrait inspirer certains employeurs.

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Cette entrée a été publiée le 17 septembre 2012 par dans Art en général, et est taguée , , , , .